Pauvres poissons – Quel avenir pour nos rivières ?
Pauvres poissons. Quel avenir pour nos rivières et nos lacs ?
2022 marque les prémices de ce que sera probablement l’avenir de nos milieux aquatiques dans les années futures.
Alors que les pêcheurs de loisir sont parfois décriés, certains d’entre-eux tentent actuellement et désespérément de sauver truites, ombres communs, vairons, goujons, loches, chevesnes et bien d’autres espèces de nos eaux douces.
Un triste état des lieux
Avec un déficit notable des précipitations atmosphériques, additionné à des vagues caniculaires, les niveaux des torrents, rivières et systèmes lacustres, sont catastrophiquement bas. Certains d’entre-eux, dans de nombreuses régions françaises, sont même à sec. De ce fait, la faune aquatique paye actuellement un très lourd tribut à cause de ces conditions totalement néfastes pour la vie en eau douce. Avec cette augmentation très importante de la température de l’eau conséquence directe des facteurs précités, les pertes sont considérables. Insectes et poissons meurent par millions dans un silence quasiment absolu.
Il faut dire que notre société de consommation n’a pas grand intérêt à se pencher sur la question. C’est bien connu, les milieux aquatiques et leurs habitants mais également la pêche de loisir, ne rapportent pas grand chose d’un point de vue économique.
De plus, non contents de souffrir de cette pénurie pluviométrique et de ces fortes chaleurs, les cours d’eau sont littéralement pillés. Un peu partout, le peu d’eau qui reste est prélevé sans scrupule ou par nécessité absolue par les industriels, les agriculteurs ou des particuliers par l’intermédiaire de pompages en tous genres. L’eau, cette précieuse ressource, indispensable à notre vie, est trop souvent gaspillée sans vergogne et ceci n’est pas prêt de changer hélas.
Des solutions alternatives pour limiter l’impact des perturbations climatiques
Pourtant, il existe des solutions à l’échelle d’un pays comme le nôtre pour limiter un peu les dégâts. Le rétablissement des zones humides tout d’abord. Ces dernières, lorsqu’elles étaient suffisamment nombreuses, permettaient de stocker l’eau pendant les périodes de disette. Elles assuraient également un effet « tampon » lors des fortes pluies, évitant ainsi certaines crues dévastatrices en absorbant une partie du ruissellement. C’est tout le contraire de ces grandes étendues cultivées de plusieurs hectares sur lesquelles la terre est mise à nue. Les zones humides assuraient le maintien des sédiments qui aujourd’hui se trouvent précipités sous la forme de boue directement dans les cours d’eau par la grande majorité des eaux pluviales.
Les haies ainsi que la multitude de petits fossés participaient également à la rétention d’une partie de l’eau dans nos vallées et nos plaines. Aujourd’hui, ces paysages naturels, travaillés par nos anciens, disparaissent à vue d’œil. Les infrastructures routières, les grandes espaces commerciaux, les villes, tout ce qui fait notre monde moderne, absorbent inéluctablement nos vertes contrées. On draine ce qui peut l’être encore, on bétonne à tour de bras et l’on se surprend malgré tout à constater une pénurie d’eau alors que tout un chacun devrait pendre conscience du danger qui nous guette.
Des solutions miracles
Pire, on trouve des solutions « miracles » en créant des bassines, des réservoirs artificiels où l’eau est stockée à l’air libre. Pourtant, il ne suffit de quelques semaines pour voir une grande partie de cette ressource s’évaporer sous l’effet d’un soleil brûlant et celui d’un vent sec.
Bien évidemment, même si ces modifications étaient mises en place, ce qui me parait plus que compliqué, cela n’aurait qu’un modeste impact. En effet, cela n’est pas suffisant et il faudrait réellement un changement profond de nos modes de consommation et de production pour inverser la tendance, ce qui me semble actuellement impossible à l’échelle mondiale.
Les grands lacs touchés à leur tour
Partout dans le monde, même les grands barrages et les lacs naturels qui devraient normalement permettre de soutenir les étiages, ne sont plus en capacité de le faire.
L’ensemble des professionnels vivant de la ressource aquatique est aujourd’hui touché de plein fouet par cette pénurie. Les canoës raclent le fond des rivières, les plages idylliques ne sont désormais accessibles qu’après de longues marches pour atteindre le bord de l’eau des lacs. Certains d’entre-eux, trop réchauffés, ne sont plus que des bouillons de culture à cyanobactéries et deviennent même dangereux pour les animaux et les hommes.
C’est un pan entier des activités touristiques autour de l’eau qui s’effondre doucement mais sûrement. Ce n’est pourtant pas le pire. Loin des discours, des partis politiques, la biodiversité aquatique se meurt dans un silence morbide. Seuls, les pêcheurs passionnés et quelques amoureux de la nature, essayent de limiter les dégâts. Mais, leurs moyens et leurs actions sont souvent dérisoires face à l’ampleur de cette catastrophe. Et malheureusement, c’est loin d’être terminé.
La croissance avant tout
La situation ne peut qu’empirer. À l’échelle mondiale, les plus gros producteurs d’émission de gaz à effet de serre et pollueurs comme la Chine, les États Unis d’Amérique, l’Inde, n’ont toujours pas l’intention d’engager des actions fortes pour tenter d’inverser cette tendance. La croissance avant tout. Notre planète va donc continuer à se réchauffer avec toutes les conséquences dramatiques que l’on connaît déjà à cause de l’augmentation de certains phénomènes météorologiques dévastateurs. Sécheresses, pluies torrentielles, inondations et orages de grêle surpuissants vont se succéder de plus en plus régulièrement avec de surcroît, une intensité toujours plus forte. Le cumul de ces perturbations sera sans aucun doute un fléau pour nos systèmes aquatiques d’eau douce tantôt à sec ou débordant de toutes parts selon les saisons.
Les glaciers et les neiges éternelles disparaissent
Dans les Pyrénées, les Alpes et dans le monde entier, les glaciers fondent comme peau de chagrin. Ces réservoirs d’eau naturels ne sont plus alimentés suffisamment par les neiges hivernales. Ce stockage providentiel se réduit de jours en jours et finira par ne plus exister dans quelques années. Bientôt, ils ne seront présents que sur de vieilles cartes postales.
Pour nous les pêcheurs, parfois amoureux de la nature, il n’est malheureusement pas possible de changer l’ordre des choses. Nous ne pouvons hélas qu’apporter que quelques maigres grains de sable à cet édifice chancelant.
Même si j’essaye toujours de positiver, j’ai bien peur de voir, à l’avenir, la vie de nos rivières s’effondrer peu à peu et les poissons et toute cette biodiversité aquatique que j’aime tant, mourir et disparaître en masse.
J’en suis bien triste…
Hervé THOMAS
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