Montage de mouches, bien débuter

Naviguer parmi la pléthore de matériaux et d’outils actuellement disponibles pour la confection de mouches artificielles peut représenter un véritable défi pour les novices.

J’ai donc souhaité réaliser cette suite d’articles sur ce sujet pour faire profiter de mon expérience à ceux d’entre-vous qui désirent se lancer dans la confection de mouches artificielles. Afin de simplifier cette exploration, je vous propose aujourd’hui une brève incursion au cœur de ces nombreux éléments.

J’ai commencé à monter mes propres modèles en 1980. À cette époque, le choix était loin d’être aussi étendu que de nos jours. Les matériels étaient nettement moins performants qu’aujourd’hui. Durant toutes ces années, j’ai pu tester une quantité invraisemblable de produits. Au fil des années, j’ai ainsi sélectionné certains d’entre-eux. Ce choix a été motivé par l’efficacité des matériels et surtout pour leur durabilité dans le temps. Changer de paire de ciseaux tous les quatre matins ou acheter un étau tous les deux ans fini par coûter cher. Vouloir économiser à tout prix en investissant dans un matériel peu coûteux peut aussi se terminer par un résultat décevant et une perte d’argent inutile.

Cependant, comme vous pourrez le voir tout au long de cet article, il n’est pas forcément nécessaire d’investir systématiquement dans du matériel haut de gamme pour être satisfait. Certaines références moins coûteuses feront parfaitement l’affaire et pourront être parfaitement efficaces pendant plusieurs décennies. Je vous propose donc de voir ceci en détail.

Les matériels de base

Commençons par l’étau.

Cet instrument indispensable doit tout d’abord vous permettre de maintenir solidement votre hameçon tout au long de la réalisation d’une mouche artificielle. Il doit être stable et solidement fixé sur un support qui va l’empêcher de bouger pendant les phases de montage. Pour cela, deux dispositifs existent. Le premier est un système de fixation par serrage qui permet de bloquer l’étau sur une table ou tout autre support similaire. Le second est un socle métallique qui grâce à son poids, va maintenir l’étau fermement dans sa position idéale.

Chacun de ces dispositifs à ses avantages et ses inconvénients. L’étau avec système de fixation par vis est très pratique pour les monteurs qui voyagent car il est le plus léger. Il permet également d’ajuster la hauteur à la convenance de chacun. Par contre, il n’est pas toujours facile de trouver un support convenant à sa fixation.

Les étaux avec un pied ou fixés sur une station de montage sont un peu plus lourds et prennent plus de place dans les bagages. La hauteur n’est pas toujours réglable avec ces systèmes. Cependant, ils conviennent parfaitement aux monteurs qui n’ont pas un petit coin spécifique à la maison pour réaliser leurs imitations. Il est facile de les déplacer et de les mettre en place sur une table sans avoir à ce soucier de l »épaisseur de celle-ci ou des dégradations que peuvent parfois occasionner les étaux à fixation par vis.

Votre étau est fermement fixé ? C’est parfait. La tige métallique qui relie l’étau à son support est terminée par un système qui va permettre d’entrouvrir le bec composé de deux mors. Ces derniers ont pour mission de bloquer l’hameçon. La encore, il existe plusieurs solutions techniques permettant un serrage ferme de l’hameçon entre les mors. Les bras de levier et les molettes sont les plus courants.

Bien choisir son étau. Le premier facteur essentiel qui  entre en ligne de compte lors de l’achat de cet instrument est le budget dont vous disposez. Le second sera les avantages que peuvent offrir certains étaux comme les modèles rotatifs qui donnent la possibilité de faire pivoter l’hameçon, vous offrant ainsi plus de commodité lors du montage. Certains étaux incorporent d’autres dispositifs qui facilitent des montages particuliers.

Ce que vous devez savoir, c’est qu’un bon monteur sera capable de réaliser des modèles très compliqués avec un étau de conception minimaliste.

L’étau parfait

L’étau parfait pour débuter doit avoir deux qualités essentielles. Il doit rester stable et maintenir l’hameçon fermement pour éviter que celui-ci bouge lors du montage.

Le réglage du serrage doit être précis et doit pouvoir s’adapter facilement aux différentes tailles d’hameçons que vous serriez amené à utiliser.

La gamme des étaux proposé aujourd’hui est très vaste. On trouve ainsi des modèles de base qui coûtent quelques dizaines d’euros, mais également des étaux haut de gamme qui peuvent représenter un investissement de plusieurs centaines d’euros. Si vous ne montez que quelques dizaines de mouches par an, il n’est pas nécessaire d’acquérir un modèle luxueux sauf si vous avez les moyens de vous faire plaisir sans faire exploser votre budget. Si vous en avez les moyens financiers, vous pouvez aussi vous faire plaisir en achetant un étau haut de gamme. Certains modèles sont de véritables œuvres d’art. Des petits bijoux de technologie, réalisés à partir de matériaux sélectionnés soigneusement par le fabricant pour leurs qualités et usinés avec une précision extrême. Non seulement ce matériel sera idéal pour confectionner des mouches mais il résistera dans le temps. Vous pourrez monter des milliers de mouches sans que votre étau et plus particulièrement les mors se dégradent à cause des nombreuses sollicitations qu’ils vont subir.

Néanmoins, certains étaux considérés comme « bas de gamme » sont très performants et ont une durée de vie exceptionnelle. Personnellement, j’utilise depuis 1992 un de ces modèles. Il doit avoir plus centaines de milliers de mouches à son actif. Sa conception est plus que simpliste, mais son système de blocage est très efficace. Grâce à lui, je peux monter des artificielles allant des minuscules moucherons sur hameçons N°26 jusqu’aux énormes mouches de mer réalisées sur des hameçons 2/0. Son autre avantage est de pouvoir recevoir un socle ou le système de blocage par vis.

Je vous avoue tout de même que j’ai dû poncer les mors quelques fois au cours de ces années d’utilisation intensive.

C’est le modèle que je recommande aux débutants qui n’ont pas forcément les moyens de s’offrir une bête de guerre.

https://www.pecheur.com/achat-etau-professionnel-jmc-373.html

Si votre budget vous le permet, vous pouvez orienter votre choix vers un modèle bien plus sophistiqué. Ma préférence s’oriente vers les étaux PREMIUM de la marque DamFly.

Conçus avec des matériaux de grande qualité qui assurent sans aucun doute une très grande longévité, ces étaux sont de petits bijoux. Contrairement au modèle ci-dessus, ils permettent la rotation des mors. Un bel avantage pour pour réaliser certains montages.

Livrés dans une mallette de protection contenant également une clé de montage, ils sont fabriqués en France, ce qui pour moi, a une grande importance.

Accéder à la page des étaux DamFly

Les ciseaux

Bien évidemment, de nombreuses marques d’accessoires de pêche proposent des ciseaux spécifiques pour le montage des mouches artificielles. Là encore, il existe de grands écarts de prix. En ce qui me concerne, après avoir essayé de nombreux modèles, j’ai fini, depuis 1988 tout de même, de n’utiliser que les ciseaux Fiskars. Ils conviennent parfaitement à un usage professionnel avec leurs lames en acier inoxydable durable, assurant des performances de découpe exceptionnelles. Leur poignée conçue de manière ergonomique garanti confort et une bonne prise.

J’utilise deux modèles, les ciseaux Fiskars classic Micro-Tip 13 cm pour les montages, les coupes de petits fils ou matériaux fins. Les ciseaux universels d FISKARS Classic 21 cm pour la découpe de matériaux plus épais. Une fois encore, j’ai choisi la durabilité et l’efficacité. Mes paires de ciseaux ont plus de 30 ans d’utilisation intensive.

Le porte-bobine

Voici un autre accessoire indispensable au montage de mouches, le porte-bobine.

Celui-ci doit permettre le déroulement du fil de montage en assurant une bonne prise en main. Il en existe de nombreux modèles. Cependant, n’hésitez surtout pas à investir dans un porte-bobine céramique. Les porte-bobines avec un embout en métal ont tendance à couper le fil de montage. Ceci ne vous arrivera jamais avec la céramique.

 

Le Whip finish ou finisseur de noeuds

Cet accessoire est destiné à réaliser facilement vos nœuds finaux. Personnellement, je ne l’utilise pas.

Je termine mes artificielles en effectuant des demi-boucles. Plus exactement 5 demi-boucles. C’est amplement suffisant pour que le montage ne se dégrade pas. Pour certains modèles, un petit point de colle cyanolit posé juste derrière l’oeillet assure une résistance à toute épreuve.

Si vous souhaitez employer cette méthode, je vous recommande très fortement d’utiliser la Cyanolit Verte. Sa fluidité comparable à celle de l’eau lui permet de s’infiltrer profondément dans le fil et jusqu’au métal de l’hameçon. Attention, vous devrez prendre des précautions lors de cette opération en prenant garde de soigneusement doser la quantité de colle. Si vous en mettez trop, les matériaux qui vont s’en imprégner vont durcir et n’auront plus du tout la même efficacité et le même rendu. Bien évidemment, méfiez-vous de cette colle qui a une fâcheuse tendance à coller aux doigts car ce composé chimique réagit à l’humidité. De manière plus scientifique, les acrylates, qui constituent la colle cyanoacrylate, polymérisent rapidement en présence d’une base anionique (alcool, amine, hydroxyde…) servant d’amorceur.

Petit aparté à ce sujet : La colle extraforte, souvent appelée super glue, a été inventée pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette création est l’œuvre du chimiste américain Harry W. Coover (ce n’est pas une blague) qui a découvert ce composé de manière fortuite. Ce scientifique avait été mandaté par le gouvernement américain qui souhaitait remplacer les fils d’araignée jusqu’alors alors utilisés pour matérialiser la fine croix située au centre des réticules des fusils de l’US Army. Quelques années plus tard, la Société Kodak qui employait ce chimiste a compris l’intérêt de ce puissant composé chimique commercialisé pour la première fois en 1958.

Grâce à ses performances adhésives, la colle cyanoacrylate a été utilisée par les médecins américains pendant la guerre du Vietnam dans le cadre des secours d’urgence, afin de recoller la peau des soldats blessés.

 

Il existe d’autres accessoires qui peuvent être utiles pour réaliser des mouches artificielles mais ils ne sont pas indispensables. Cependant, ils peuvent s’avérer être précieux pour certains montages spécifiques. Quoi qu’il en soit, un débutant peut commencer le montage de mouches avec un budget inférieur à 100 euros en investissement matériel (étau, paire de ciseaux et porte-bobine). Il faudra bien sûr y ajouter à cela le coût des matériaux.

Voilà, c’est terminé pour aujourd’hui. Cet article sera prochainement suivi par un autre qui détaillera les matériaux de base pour la confection de mouches artificielles. En attendant, j’espère que vous aurez apprécié cet article.

à bientôt

Hervé