Au pays du vif argent – La pêche du saumon en Béarn
La saison de pêche du saumon 2015 sera un très grand cru. En effet, à la date du 25 juin , le nombre de captures s’élève à 474 saumons déclarés dans les cours d’eau autorisés des Pyrénées-Atlantiques.
Gave d’Oloron : 434
Saison : 31
Nive : 8
Gave de Pau et Nivelle : 1
Au 21 juin 2015, le comptage effectué sur la passe de Masseys (Gave d’Oloron) dénombre le franchissement de 915 saumons et de 1653 truites de mer.
En seulement quelques jours de pêche, j’ai eu la grande chance de pouvoir capturer un poisson d’un peu moins de 4 kilos et d’en perdre un plus gros après l’avoir combattu pendant plus de dix minutes. Cette réussite est due aux conseils précieux de mes amis Jean, Olivier et Lilian que je remercie encore une fois.
Grâce à eux, j’ai pu profiter des plaisirs que peux procurer le combat avec ce poisson vraiment magique. Avec une touche brutale, une défense opiniâtre jusqu’au dernier instant et la beauté incomparable de sa robe, cet éclair argenté mérite sans aucun doute son surnom de poisson roi des eaux douces. En ayant vécu ces émotions, on comprend mieux la ferveur presque maladive qui habite les pêcheurs qui le recherche.
Encore une fois, mon séjour en Béarn a été un succès malgré des conditions météorologiques allant des orages répétés jusqu’aux très grandes chaleurs de la semaine dernière et qui dans l’ensemble, ne m’ont pas permis de profiter de conditions de pêche vraiment favorables. Néanmoins, j’ai pu capturer de nombreuses espèces en pêchant à la mouche. Des grandes aloses bien sûr, même si leur nombre est loin d’atteindre celui de l’année précédente. De gros chevesnes, un joli barbeau et de nombreuses truites arc-en-ciel surdensitaires venues d’on ne sait où.
L’une d’entre elles, certainement issue d’un déversement réalisé deux années précédentes et mesurant un peu plus de 65 centimètres. Splendide poisson aux nageoires impeccables et qui m’a donné du fil à retordre pour l’amener à l’épuisette. Faute de grives …
J’ai également pu observer pendant quelques minutes, sur le Saison ou Gave de Mauléon, principal affluent du Gave d’Oloron, les lamproies en pleine réalisation de leur nid de ponte. Magnifique spectacle pour ce poisson à l’allure si particulière.
Comme à chaque fois, je quitte le Béarn avec regret. Non pas à cause d’une météo souvent défavorable à la pêche mais surtout parce que j’y laisse un peu de mon cœur à chaque fois. Cette splendide région peu touristique, aux paysages contrastés et plus particulièrement aux bords des Gaves, est habitée par des gens vraiment très accueillants et c’est un réel plaisir. Malheureusement, par manque de temps, mon séjour n’aura été qu’un bref passage qui ne m’a pas permis de profiter autant que je l’aurais souhaité de joies et plaisirs que peux proposer cette région. Malgré tout, j’en ramène quelques photos et vidéos, histoire de vous mettre l’eau à la bouche.
Pour terminer, je vais donner mon sentiment personnel, et cela n’engage que moi, sur la sauvegarde de Salmo salar et des rivières Béarnaises qui l’accueillent depuis des milliers d’années. Comme je l’ai dit au début de ce sujet, les captures ont été exceptionnelles cette année. Ce ne sera certainement pas le cas dans les prochaines années car la pression est forte quant à la sauvegarde de cette espèce et bien sûr, celle des autres poissons migrateurs ou indigènes. Si les pollutions ont à priori diminué, il reste de gros efforts à faire pour que les Gaves retrouvent des berges exemptent de nombreux détritus qu’ils soient visibles ou invisibles. La pression de pêche, qu’elle soit l’œuvre des pêcheurs professionnels dans l’estuaire de l’Adour ou celle des pêcheurs à la ligne, est également un facteur qui nuit à la sauvegarde du saumon des Gaves. Si des efforts ont été fait, ils sont à mon sens, très insuffisants pour être certain que l’avenir du poisson roi soit assuré d’autant plus que les pêches électriques réalisées par la Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques des Pyrénées Atlantiques démontre que le stock de smolts soit très faible. On peut logiquement envisager que les années prochaines, le nombre de poissons qui montent frayer sur les Gaves diminue sensiblement.
Le risque majeur serait une fermeture de la pêche, aussi bien pour les professionnels que pour les pêcheurs sportifs. Je ne saurais donc recommander à tous d’être raisonnables sans se sentir obligé d’atteindre la limite du nombre de captures autorisés. Dans le cas contraire, j’ai bien peur que malgré les réalisations considérables menées par l’Onema et d’autres organismes pour permettre le franchissement d’obstacles artificiels barrant les Gaves aux poissons migrateurs, la pêche du vif argent ne soit bientôt qu’un rêve impossible sur les Gaves Béarnais comme c’est toujours le cas sur l’Allier dont la pêche devait fermer pendant seulement quelques années en 1994 et qui est encore aujourd’hui interdite.
Personnellement, si j’ai bien sûr la chance de capturer à nouveau cet extraordinaire salmonidé, jamais je ne garderais pas plus d’un poisson par saison, ce qui est à mes yeux déjà bien énorme.
La pêche sportive n’a de sens pour moi que si elle marie le respect de la nature, des rivières, des poissons, de l’amitié et du partage et même si le congélateur reste vide, je m’accoutumerai sans problème des tomates et haricots du jardin.
Il serait en outre bien dommage que le Béarn et ses habitants ne puissent pas profiter du formidable potentiel touristique que peuvent proposer le Gave d’Oloron, le Saison, le Vert et toutes les autres rivières qui parcourent cette magnifique région.
Alors, si vous êtes comme moi, n’hésitez pas à partager cet article pour profiter encore longtemps des plaisirs de la pêche du saumon Atlantique sur les Gaves Béarnais.
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