Ponte truite fario

CANIGOU -pic du Canigou
Le jour se lève et m’offre un beau spectacle. Une journée qui s’annonce bien.

Invité par la Fédération de pêche 66 la semaine dernière, j’ai pu assister à la ponte artificielle des truites Fario « Carança » au centre piscicole de Sahorre. Le pisciculteur de la Fédération avait préparé quelques poissons mâtures pour une démonstration.

Les poissons sélectionnés sont de souche locale. Ils ont été prélevés dans deux rivières du département des Pyrénées-Orientales. La Carança pour les truites fario et le torrent de la Grave pour les truites arc-en-ciel dites « Bouillouses ». L’objectif étant de disposer de poissons robustes, en capacité de s’acclimater parfaitement dans le milieu sans provoquer de pollution génétique.

La ponte

La première manipulation délicate consiste à séparer les mâles et les femelles. Ces dernières sont endormies dans un mélange d’eau et d’anesthésiant, puis séchées avec une petite serviette avant d’être vidées de leurs ovocytes.

Cette manipulation, le séchage d’un poisson, déconseillée aux pêcheurs en temps normal, est obligatoire lors de cette manipulation pour éviter la mort des ovocytes avant et pendant la fécondation.

TRUITE-FARIO-MALE
Mâle de souche Carança. Un torrent distant que quelques kilomètres seulement.
TRUITE-FARIO-FEMELLE
Truites fario femelles anesthésiées.

Les mêmes étapes sont réalisées sur les mâles. La laitance est versée sur les ovocytes et le poisson regagne un bac dans lequel il va se remettre de ces perturbations.

Nicolas PROCACCI
Nicolas PROCACCI, pisciculteur fédéral, à l’occasion de sa démonstration magistrale. En plus d’être un technicien de haut vol et un excellent pédagogue qui maîtrise parfaitement son sujet, c’est un véritable passionné. Et un gars très sympa.

Plusieurs mâles sont nécessaires pour une femelle, en moyenne 3 mâles pour une femelle.

PONTE-TRUITE-FARIO
Après quelques minutes, de l’eau contenant un activateur de fécondation, est déversée sur les ovocytes. L’ensemble est délicatement mélangé pour permettre la fécondation des ovocytes et former les œufs. Après rinçage, les œufs sont déposés dans des seaux d’incubation oxygénés et placés dans une pièce obscure à température constante.

 

Au terme de l’incubation, les alevins éclosent et sont placés dans des auges. La vésicule vitelline, une réserve alimentaire, permet à l’alevin de continuer à se développer sans devoir chercher sa nourriture. Une fois que la résorption de cette vésicule a eu lieu, les alevins commencent à nager à mi-eau en quête de nourriture. L’obscurité de l’écloserie peut progressivement être supprimée. Après quelques jours de seuvrage, les jeunes poissons pourront commencer à être alimentés artificiellement. Et pour la petite histoire, jusqu’à 12 fois par jour. Ce n’est pas toujours facile d’être pisciculteur.

Une fois que la résorption de cette vésicule a eu lieu, les alevins commencent à nager à mi-eau en quête de nourriture. L’obscurité de l’écloserie peut progressivement être supprimée.

Introduire des alevins

Au final, l’objectif de la Fédération de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques des Pyrénées-orientales est d’obtenir des alevins résistants. Ils seront déversés dans les rivières et lacs de notre département où ils pourront grandir dans un milieu sauvage.

À l’heure actuelle, nos milieux aquatiques souffrent énormément. Bien évidemment, la biodiversité subit le même sort. Le manque d’eau est très préoccupant. Les feuilles, les dépôts et malheureusement les polluants, se sont accumulés dans les cours d’eau. Les pluies d’automne tant attendues, n’ont donné que quelques averses. Le fond des cours d’eau est colmaté et il est difficile pour les poissons sauvages de trouver des zones de frayère. La réussite d’une ponte en milieu sauvage est une grande prouesse et les échecs sont nombreux.

Même si la nature est d’une force surnaturelle, sa puissance ne suffit pas toujours pour maintenir les peuplements à un niveau correct. L’impact négatif des activités humaines est trop important sur certains secteurs. L’introduction de jeunes salmonidés est donc une nécessité pour maintenir une espèce en déclin sur ces zones dégradées.

Pollution-Rotja
Il suffit de quelques heures seulement pour détruire la vie sur plusieurs kilomètres.

Conclusion

Merci tout d’abord à Nicolas PROCACCI pour son cours magistral.

En écoutant un expert et en observant, on apprend de nouvelles choses.

J’ai donc pu constater que les truites anesthésiées pouvaient rester à l’air libre plus de dix minutes sans aucun risque. J’en suis resté bouche-bée. Inutile de faire le test avec un poisson capturé à la ligne. Deux minutes à l’air libre et il est mort.

J’ai appris que toutes les précautions étaient prises pour que les salmonidés de la pisciculture soient le moins possible en contact avec l’homme. Le but étant de préserver au maximum l’instinct sauvage.

Je sais également que la pisciculture fédérale de Sahorre est l’une des dernières à fonctionner sur l’arc pyrénéen.

ROTJA-PYRENEES
La Rotja en amont de la pisciculture de Sahorre. Le débit est très faible avec l’absence de précipitations depuis des mois.

De retour sur le parking, je n’ai pu m’empêcher d’ouvrir les yeux et de chercher la vie sauvage.

PLECOPTERE
Les derniers plécoptères de l’année sont également présents ce jour-là.

PLECOPTERE

Voilà, j’espère que ce petit reportage vous a plu. Merci encore à toute l’équipe de la Fédération 66 pour votre accueil et cette journée très instructive.

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