Les Trichoptères

Du grec [trikos] (poils) et [pteros] (ailes)

Trichoptères (Trichoptera en latin). Ce nom leur a été donné pour les différencier des Lépidoptères, les papillons (mot à mot – des écailles sur les ailes).

Les trichoptères sont apparus sur Terre il y a environ 230 millions d’années. On retrouve leur présence dans certains sédiments triasiques.
Les trichoptères sont appelés couramment « porte-bois », « sedges » ou « phryganes » par les pêcheurs. Les adultes sont reconnaissables à leurs ailes poilues repliées en toit lorsqu’ils sont au repos.

Pour un pêcheur à la mouche, il est absolument inconcevable de passer à côté de cet Ordre d’insectes. Non seulement parce que ses représentants ont colonisé une grande partie des milieux aquatiques d’eaux douces mais également à cause de leurs émergences parfois spectaculaires.
A tous les stades de leur développement, ils entrent dans le régime alimentaire des poissons dans de grandes proportions. Sur certaines zones et à certaines périodes de l’année, ils sont même l’unique proie qui les intéresse. Dans les fossés, ruisseaux, torrents, rivières, canaux, fleuves, mares, étangs et lacs, ils sont également la cible de très nombreux animaux qui les consomment de leur état larvaire jusqu’à leur stade adulte.
Quelques variétés donnent parfois lieu à des émergences massives où les individus se comptent par milliers. J’ai eu l’occasion d’observer des événements de ce genre pendant lesquels il est impossible d’espérer capturer un poisson à cause du nombre prodigieux de trichoptères présents sur l’eau ou en train d’émerger. Même en ayant l’imitation adéquate, la seule chose à faire est de profiter du spectacle. Mais, dans la plupart des cas, une artificielle bien choisie grâce à l’observation des insectes présents, vous permettra de faire la différence.

Généralités

L’ordre des trichoptères comprend 23 familles divisées en trois sous-Ordres

– Sous-Ordre des Integripalpia
Les larves avec étui, dont le dernier article du palpe maxillaire de l’adulte est identique aux précédents, appartiennent le Sous-Ordre des Integripalpia.

– Sous-Ordre des Annulipalpia
Les larves sans étui, dont le dernier article des palpes maxillaires de l’adulte est d’apparence annelée, constituent le Sous-Ordre des Annulipalpia.

– Sous-Ordre des Spicipalpia

(Les “ Spicipalpia ” forment un ensemble hétérogène comprenant les Rhyacophiloidea, les Hydroptiloidea et les Glossosomatoidea. Selon les caractères retenus, certains auteurs rapprochent les Rhyacophiloidea des Annulipalpia et les Hydroptiloidea ainsi que les Glossosomatoidea des Intégripalpia ; les derniers travaux (KJER et al. 2001) semblent rapprocher les Spicipalpia dans leur ensemble des Intégripalpia.)

Les larves de trichoptère peuvent être de deux types

Éruciforme :
Tête courte et large, métathorax entièrement sclérifié, premier segment abdominal avec renflements caractéristiques. Présence d’un étui de protection mobile dès le début du développement.

Campodéiforme :
Tête plus longue que large, métathorax partiellement sclérifié, abdomen sans renflements. Pas d’étui mobile, seulement un étui fixe au moment de l’histolyse (destruction des tissus vivants d’un insecte lors de sa métamorphose).

Cycle de vie

Toutes les larves de trichoptères ont un développement aquatique à l’exception d’une espèce, Enoicyla pusilla, la seule dont la larve vit dans la mousse au lieu de vivre dans l’eau.
Les Trichoptères sont des insectes holométaboles, ce qui désigne un développement contenant un nombre fixe de mues, la dernière étant la mue nymphale avec une nymphe presque immobile et qui a une morphologie radicalement différente de celle de l’adulte.
La vie larvaire varie selon les espèces. Elle peut atteindre 11 mois avant la nymphose sous abri libre ou adhérent. Certains trichoptères fabriquent un fourreau à l’aide de fils de soie. Cet étui est ouvert aux deux extrémités et lorsque la larve grandit, et après chaque mue, de nouveaux matériaux sont ajoutés par l’avant. Les larves sont pour la plupart omnivores, mais d’autres sont exclusivement phytophages ou carnivores.
Les larves d’autres espèces, nues et libres, fabriquent des filets de soie tendus parmi les plantes aquatiques ou les roches immergées et piègent de petits animaux et d’autres particules alimentaires pour se nourrir.
Selon les espèces, les étuis sont très différents de par leurs formes ou leurs modes de construction. Ils sont réalisés à partir de matériaux que la larve trouve dans son milieu. Ils permettent à l’insecte de se déplacer tout en étant protégé de nombreux prédateurs. Dans les milieux aquatiques où la vitesse d’écoulement de l’eau est importante, ils servent de lest à l’animal grâce à l’adjonction d’éléments de surcharge qui alourdissent l’ensemble. Ceci permet à la larve d’éviter de dériver de manière catastrophique. Certaines espèces vivant dans les milieux très agités fixent leurs étuis aux éléments du substrat pour remédier à cette éventualité.

A la nymphose, les larves qui construisent un fourreau, effectuent l’avant dernier stade de leur développement à l’intérieur de celui-ci après l’avoir fixé et obturé. D’autres découpent leur étui pour s’enfermer dans un cocon protégé par une logette nymphale réalisée à partir de petits graviers et grains de sable.

Lors de cette phase qui dure de deux semaines à un mois, la larve subit des changements radicaux. A l’issue de cette mutation importante, l’insecte découpe sa logette ou son fourreau puis nage ou marche sur le fond pour effectuer sa mue imaginale à la surface sur sa propre exuvie ou à terre. C’est généralement durant la nuit que la nymphe donne naissance à l’imago.

Les adultes sont hygrophiles (vivants dans les milieux humides), souvent lucifuges (fuyant la lumière) et ont une durée de vie comprise entre 1 et 60 jours suivant l’espèce et les conditions du milieu. Ils ne s’éloignent guère de leur lieu d’émergence et sont, pour bon nombre, des insectes crépusculaires fortement attirés par la lumière artificielle. Durant la journée, ils sont le plus souvent posés sur les divers supports bordant le milieu aquatique dont ils sont issus (arbres, buissons, roches…). Les adultes se nourrissent rarement et n’ont jamais de trompe, à l’opposé des papillons. Certaines espèces sucent parfois le nectar des fleurs.

La période de vol s’étale du printemps à l’automne, cette saison correspondant pour la majorité des espèces à une émergence maximale. Les mâles atteignent généralement leur maturité sexuelle au moment de leur mue imaginale ce qui n’est pas le cas de toutes les femelles.
Alors que certaines sont matures immédiatement après leur mue imaginale, d’autres doivent passer par une phase de diapause, période permettant la maturation des organes reproducteurs.
Dans le premier cas, la fécondation est très rapide tout comme l’émergence et la durée de vie qui vont être très brèves.
Dans le second cas, les femelles fécondées vont vivre plusieurs mois et se réfugier dans des cavités où la température est constante afin d’y terminer leur diapause.

L’accouplement des trichoptères s’effectue le plus souvent au sol ou sur un support.

Selon les espèces, les œufs sont déposés à la surface, sous l’eau ou dans la végétation qui borde le milieu aquatique. Le nombre d’œufs peut varier de quelques dizaines à plusieurs centaines. Afin de compenser la dérive des larves, les femelles de certaines espèces remontent vers l’amont pour pondre. Livrée à elle-même, cette nouvelle génération va commencer son cycle de vie pour faire perdurer les trichoptères comme cela se produit depuis des millions d’années.

A ce jour, on recense en France 460 espèces et sous-espèces réparties en 107 genres et 23 familles.