Le jour se lève


Comme j’aime ces instants qui précèdent le lever du jour. L’air est encore empli de la rosée matinale. On perçoit très légèrement l’odeur de la terre humide. Lentement, la fraîcheur de la nuit est remplacée par un air qui se réchauffe avec l’arrivée du soleil. Alors que la lumière est encore faible, les premiers oiseaux se font entendre. Leurs chants mélodieux couvrent le bruissement de la rivière qui est encore à quelques dizaines de mètres. En traversant le sous-bois, l’odeur de champignons me parvient aux narines mais ne m’arrête pas, je veux voir l’eau. Parcourant les derniers mètres qui me séparent de la berge, j’observe une feuille de peuplier frissonner sous l’effet d’un mouvement d’air infime que je ne perçois pas. Mais c’est peut-être la peur de tomber au sol qui la fait trembler ainsi. La mélodie de l’eau s’intensifie, je me rapproche. Lentement, à pas de loup, je termine ma traversée boisée pour atteindre la rivière que je domine très légèrement. De mon petit promontoire, je peux observer la bordure devant moi mais également l’amont et l’aval sur plusieurs centaines de mètres. Pas une âme en vue, je suis seul et ce n’est pas si habituel sur ce gave tant parcouru par les pêcheurs. Sans bouger, je savoure cet instant. La nature s’offre à moi alors que le jour pointe à peine son nez. Avec la pénombre encore présente, j’ai du mal à distinguer la couleur de l’eau. La surface oscille entre le noir profond et les gris multiples. En regardant les premiers galets sur la berge je peux tout de même voir qu’elle a l’air relativement transparente. Au loin, j’entends le rapide situé à l’aval qui agite l’eau dans un bruissement régulier. De temps à autre, un mouvement d’eau plus puissant vient perturber cette mélodie aquatique et me transporte instantanément vers l’océan et ses vagues qui s’écrasent sur la plage sablonneuse. Après avoir remonté quelques mètres en direction de l’amont en longeant la berge, j’arrive à proximité de la confluence des deux gaves. La lumière du soleil commence à illuminer le ciel et borde les nuages d’une délicate frange orangée. Robinson
Le jour se lève. Face à moi dans un pré, des blondes d’Aquitaine terminent tranquillement leur nuit. Soudain, elles sont dérangées par une ribambelle d’aigrettes gazette au plumage blanc uniforme. Après avoir survolé la prairie à une trentaine de mètres de haut, elles terminent leur vol en chutant à la verticale en direction du sol. Gave Oloron et SaisonAlors que je scrute la surface de l’eau à la recherche d’un indice qui me permettrait de définir la position et la présence d’un poisson, les dernières étoiles disparaissent lentement du ciel bleu. Il fait jour et au loin, le premier pêcheur que je vais croiser aujourd’hui vient d’apparaître. En quelques minutes, la couverture nuageuse s’est étalée et a pratiquement masqué le bleu du ciel. Je me dis que la pêche pourrait être bonne avec ces conditions tout en étalant mon bas de ligne sur l’eau. Peu importe, mes yeux et mon âme se sont déjà remplis de petits instants simples et merveilleux. Oui je sais, je suis un rêveur. C’est très certainement ce qui me permet de surpasser avec un peu plus de sérénité d’autres moments bien moins joyeux de la vie quotidienne. Vivre intensément ces minutes précieuses et laisser son esprit vagabonder en profitant du spectacle de la nature est un privilège. C’est d’ailleurs en partie pour cela que j’aime la pêche.

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