Lilian et olivier Lahittète

Il y a quatre ans, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Lilian et d’Olivier. Dès le premier contact, en arrivant au bord du Gave d’Oloron , j’ai été stupéfait par l’accueil qu’ils ont pu me réserver. En général, le pêcheur touriste n’est pas forcément reçu les bras ouverts lorsqu’il vient concurrencer les pêcheurs locaux. Bien souvent, un regard noir ponctue l’arrivée de « cet étranger qui vient prendre nos poissons ».

Ce jour là, ce ne fut pas le cas. Sans aucune demande de ma part, j’ai été conseillé tant sur le point de l’équipement que sur les meilleures zones de pêche du moment ainsi que sur les tactiques à employer. Surpris par cette inhabituelle mais très agréable démarche, j’ai voulu savoir pourquoi ils agissaient ainsi et c’est tout naturellement qu’ils m’ont répondu que plus les pêcheurs étrangers à leur région seraient nombreux, plus les Gaves auraient la chance de retrouver leur splendeur et leur niveau halieutique d’antan.

LILIAN ET OLIVIER
Il faut savoir que ces deux frères extrêmement complices ont passé une grande partie de leur enfance et de leur adolescence à parcourir le Gave d’Oloron dans tous les sens. C’était à l’époque des grands noms, les Lafargue, Pourrut, Vicente et bien d’autres pêcheurs qui vivaient en grande partie grâce à la pêche du saumon. Il n’était pas toujours bon de traîner en culotte courte sur leurs pools de prédilection, « ces sales gosses qui font fuir les saumons ! ». Mais lorsque l’on est gamin, même s’il valait mieux dans l’instant prendre ses distances, on y retournait après le passage rapide de l’un de ces cadors.

Enfants des Gaves

Enfant des Gaves, l’été, on plonge dans le Pool Masseys où depuis la surface, on découvre un fabuleux trésor qui miroite sur le fond sous l’effet des rayons du soleil. Celui-ci est constitué d’innombrables cuillères, devons et mouches qui n’attendent que des petites mains agiles capables de les décrocher d’une souche immergée ou d’un rail métallique posé sur le fond. Nettoyé, astiqué, ce fabuleux trésor de guerre, une fois revendu aux pêcheurs, permet d’acheter un peu de matériel pour aller … à la pêche à la mouche de la truite.
La digue en amont du Pool Masseys est également un bon terrain de jeu pendant la période estivale. Une piscine aux eaux limpides s’est formée sous l’ouvrage. On y plonge pour voir la queue des saumons qui essayent de s’enfiler entre les roches qui constituent la base de l’ouvrage en espérant y trouver un passage pour rejoindre l’amont. A deux ou à trois, on s’organise pour un sauvetage. Pendant qu’Olivier plonge et attrape un poisson et le remonte vers la surface, Lilian se tient prêt à le transporter au-dessus de la digue pour le relâcher sur le plateau amont. Tout cela en évitant de se faire voir car les adultes pourraient prendre ça pour du braconnage. Mais il n’en est rien et c’est une excellente initiative de la part des ces gamins qui sont ravis et fiers de sauver ces grands saumons.
Gamin, on ne pêche pas le saumon mais plutôt la truite. Il y en a partout et des grosses. Olivier m’a confié qu’adolescent, lors d’un coup du soir, il a pris et relâché plus de trente poissons dépassant le kilo sans avoir eu à bouger de place. Un exploit hélas inimaginable de nos jours mais qui ne l’était absolument pas à cette période. Malheureusement, année après année, ils ont pu constater que le nombre de poissons était en régression constante. L’urbanisation et la culture intensive sur les bords du Gave étant très certainement des vecteurs de pollution pour ce milieu si fragile.

Aujourd’hui, les deux frères devenus adultes sont devenus d’excellents pêcheurs. Alors que Lilian se cantonne plus dans la pêche du saumon, Olivier partage ses sorties pêche entre celles de la truite, de l’alose et bien sûr du saumon. Il faut dire qu’en dehors de leur connaissance parfaite du Gave de Sauveterre de Béarn jusqu’à Oloron et celle du Saison, ils ont côtoyé de très près Guy Debédat ainsi que de très nombreux grands noms et artistes de la pêche à la mouche. Un énorme avantage du point de vue technique et tactique qu’ils ont encore perfectionné lors de voyages à l’étranger pendant lesquels ils ont pu rencontrer d’autres saumoniers et pratiquer de manière différente la pêche à la mouche du saumon Atlantique. Cette somme de connaissance leur permet donc de faire très souvent la différence même s’ils ne s’en vantent jamais mis à part pour chambrer un copain malchanceux, art dont ils sont devenus maîtres !

LAHITTETE Olivier et Lilian
De droite à gauche, Lilian, Olivier en compagnie de Jean Roig, un autre grand pêcheur de saumons.

Très bons lanceurs à la canne à deux mains et fins techniciens, ils se distinguent surtout par leur état d’esprit et aptitude à pratiquer une pêche sportive et raisonnable. Amoureux de leur région, ils relâchent une très grande partie de leurs captures en espérant qu’un jour les Gaves puissent retrouver leur splendeur passée pour le bien de tous et pour la renommée du Béarn.

 Pêche sur le Gave d'oloron
Olivier en pleine action sur un pool du Gave d’Oloron.

Avec eux, l’humour est toujours au rendez-vous-même s’ils sont très différents. Plus de subtilité pour l’un, plus de rugosité pour l’autre. Eh oui ! malheureusement, avoir joué demi de mêlée à un bon niveau pendant des années n’a pas arrangé les choses ! Quoi qu’il en soit, l’un et l’autre, dans un registre différent, sont de véritables artistes du « chambrage ». Et, lorsqu’ils vous connaissent, il vaut mieux se préparer à un accueil détonnant. C’est ça être Béarnais ! Et j’adore.
C’est ainsi que j’espère encore partager le plus souvent possible les joies et les plaisirs du bord de l’eau en votre compagnie et avoir le malin plaisir de vous prendre un saumon dans le dos ! Ça ne vous fera que le plus grand bien !

Allez, comme on dit chez vous, « Adishatz les amis » et à bientôt !

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