montage en croix d’un hanneton

Au cours d’une saison de pêche à la mouche, en rivière ou en lac, nous utilisons la plupart du temps des imitations d’éphémères, de trichoptères ou de diptères mais il ne faudra surtout pas négliger les coléoptères. En effet, c’est la famille réunissant le plus grand nombre d’espèces dans l’ordre des insectes avec plus de 300 000 espèces recensées dans le monde. Aujourd’hui, je vous propose un montage que j’utilise depuis de nombreuses années avec succès., le montage en croix d’un hanneton.

Mais tout d’abord, un peu d’histoire.

A mon arrivée au Lac de la Landie en 1992, j’ai été confronté, à la fin mai et durant le mois de juin, à une retombée de coléoptères sur ce plan d’eau. Les pêcheurs locaux connaissaient bien l’auteur de la formidable activité alimentaire des truites des rivières auvergnates qui s’en suivait : le hanneton de la Saint-Jean, ou Philoperta horticola.

hanneton des fougères

Pour moi, c’était une découverte mais qui allait très vite devenir un des grands moments de la saison de pêche en supplantant totalement toutes les autres proies présentes sur l’eau.

Le Mounirou ou la babarote, noms locaux donnés à cet insecte, déclenchait une effervescence absolument remarquable chez les poissons dès la fin de la matinée et se poursuivant jusqu’en fin d’après-midi sur certains secteurs du lac. C’était surtout l’occasion de capturer de très gros poissons à l’aide de mouches de surface à condition d’avoir une imitation assez fidèle de la bestiole. En effet, les truites de plusieurs kilos n’hésitaient pas à se tenir à proximité de la surface pour rechercher ces proies relativement grosses.

hanneton des fougères
Dès l’arrivée des premiers rayons de soleil qui réchauffent les prairies, les hannetons apparaissent comme par magie.

Comme à chaque fois que je découvre une nouvelle espèce susceptible d’intéresser les poissons, je me suis mis à l’étau pour trouver le moyen de l’imiter. Les montages que j’avais pu voir dans les revues spécialisées ou les livres ne me convenaient pas et surtout, ne semblaient guère plaire aux truites qui les refusaient volontiers. Il fallait obtenir un montage assez ressemblant bien évidemment et avec une flottaison irréprochable car l’insecte naturel, même mort, reste en surface. J’ai donc fait de nombreux essais de montage en commençant à utiliser des poils de cervidés afin de réaliser un corps oblong et dont la couleur ressemblait parfaitement à celle des élytres cuivrées de l’insecte. Même si ces poils creux donnaient satisfaction pendant un moment, le montage était relativement fragile et il finissait par couler après quelques captures. J’avais également des refus sur ce genre de mouche et j’ai donc cherché une autre solution. Je me suis rapidement tourné vers le néoprène, ce matériau artificiel étant absolument insubmersible. J’ai tout d’abord essayé de réaliser les élytres d’une seule pièce mais ce montage était souvent grossier. Après de très nombreux essais, j’ai eu l’idée de construire cette mouche à l’aide d’une petite bande de néoprène montée en croix sur la hampe de l’hameçon. Depuis, ce montage et ses déclinaisons ont pris des centaines, voir des milliers de truites en lac ou en rivière.

Les gros avantages de ce montage sont le parfait équilibrage de la mouche, sa flottaison exemplaire et sa redoutable efficacité. En la regardant, vous allez me dire qu’elle ne ressemble pas vraiment à l’insecte naturel et plus particulièrement au niveau des couleurs qui sont inversées. Ce n’est pas un problème car lorsqu’ils tombent sur l’eau, les hannetons ne restent pas dans leur position naturelle. En se débattant à la surface de l’eau, ils se retournent assez souvent et leur ventre se trouve à l’air libre alors que leurs élytres sont noyées. Dans ces conditions, l’artificielle copie parfaitement l’insecte et je puis vous assurer que les truites ne voient absolument pas la différence et se laissent volontiers prendre au piège.

 Comme de nombreux pêcheurs et monteurs soucieux du détail, j’ai ajouté des pattes à cette imitation en pensant que ce petit détail allait faire la différence en cours de pêche. Ce n’est pas le cas même si cela a pourtant le plus bel effet dans la boite et au yeux des autres pêcheurs. Il y a des mouches pour faire beau et des mouches de pêche ! A vous de choisir.

Si le hanneton de fougère est à l’origine de ce montage, il peut se décliner pour tous les insectes ayant des corps bombés et lorsque le pêcheur souhaite une mouche artificielle ayant une excellente flottaison. Bien évidemment, vous n’obtiendrez pas une mouche flottant haut sur l’eau comme c’est le cas avec une artificielle munie d’une collerette en plume de coq mais, si votre montage est bien réalisé, je vous défie de le faire couler. En ce qui concerne, la vision du gobage, croyez-moi, lorsqu’une truite de plusieurs kilos vient se saisir d’une telle proie en surface, ça fait du bruit et des vagues !

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Les teintes et couleurs des coléoptères sont très nombreuses et variées. De quoi être inspiré lors du montage.
coccinelles et punaises
coccinelles et punaise rejetées sur la berge par les vagues.

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Les Hémiptères comme les punaises peuvent être également imitées par ce type de montage.
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Celle-ci aura bien du mal à s’extirper du piège liquide.

Depuis 1992, les matériaux de montage ont évolués et sont beaucoup plus nombreux sur le marché. Vous pourrez donc réaliser ce type de montage avec du polycelon, du plastazote ou toute autre mousse synthétique que vous pourrez également colorer.

 Le principe de montage

Le fil de montage est amené sur la fin de la hampe et descendu un peu plus bas que le début de la courbure de l’hameçon.
montage d'un coléoptère
La bande de section carrée du matériau flottant, ici du plastazote, est fixée par le centre et perpendiculairement à la hampe de l’hameçon.
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Le dubbing est tourné autour de la hampe.
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Le platazote est rabattu vers l’avant puis bloqué par quelques tours de fil. On obtient alors un petit grain de café à l’arrière sur lequel il suffit de déposer un petit point de colle entre les deux bandes qui constituent ce grain.
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On obtient alors la forme arrondie des élytres d’un coléoptère. Il suffit de couper l’excédent de matériau pour constituer la forme de la tête de l’animal.
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Vous pouvez laisser aller votre imagination ou vous inspirer d’insectes observés pour colorer vos corps comme vous le souhaitez.
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Encore une fois, je vous recommande d’employer cette colle qui a une fluidité comparable à celle de l’eau et qui vous garantira un collage résistant, en profondeur et sans surcharge.

J’espère que cet article vous à plu et je vous souhaite de bonnes séances de montage… et merci pour vos partages ou vos commentaires.

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