Gobages en lac

Sur un lac, nombreux sont les pêcheurs qui se précipitent pour lancer leur ligne sur un gobage qui vient de se produire à proximité de leur position. C’est un geste pratiquement instinctif mais qui n’est pas forcément le bon sans une analyse préalable. Selon la forme et la vitesse d’un gobage ou de la manifestation particulière d’une truite en surface, la stratégie de pêche à employer ne sera pas toujours la même. C’est ce que je me propose de vous détailler aujourd’hui.

PECHE TRUITE MOUCHE

Généralités

Sur un plan d’eau, en fonction de différents facteurs, l’activité de surface n’est pas forcément identique tous les jours. La température de la couche supérieure d’eau, l’émergence d’insectes aquatiques, la présence de terrestres, le nombre de poissons actifs sur la même zone, l’intensité du vent et ses effets sur le lac, l’heure de la journée et la saison, l’intensité lumineuse vont contribuer à ce que les poissons aient quelques fois un comportement bien particulier lorsqu’ils se manifestent en surface.

En possédant quelques acquis sur le sujet, il sera bien plus facile d’adapter sa tactique de pêche en fonction du type de gobage que l’on viendra d’observer. Cela permettra de pêcher plus juste et surtout d’éviter de perdre son temps sur un poisson qui s’est déjà éloigné de plusieurs mètres par rapport au point où il vous est apparu initialement.

Voici quelques précisions accompagnées de schémas qui vous permettront d’avoir une idée plus précise de la conduite à tenir en présence d’un poisson que vous venez d’apercevoir en surface.

en début de saison ou en hiver

1. C’est le début de saison, l’eau est froide et le vent peu important. Les émergences d’insectes aquatiques se produisent près de la bordure, là où l’eau est un peu plus chaude que dans la partie centrale et plus profonde du plan d’eau. Les poissons longent lentement les berges abritées des effets du vent. Les gobages sont discrets et se manifestent sous la forme de marsouinages. On peut ainsi apercevoir furtivement, une tête, une nageoire caudale  ou dorsale en surface. Ceci peut parfois donner une indication sur la trajectoire que va emprunter le poisson.

gobages en lac

Très peu d’émergentes réussissent à sortir de l’eau car le nombre d’insecte est peu élevé et les truites se saisissent d’une grande partie des nymphes qui montent vers la surface. Dans cette eau froide, les poissons se déplacent lentement.

2. A proximité de la surface, le cône de vision de la truite est très étroit. Le pêcheur va devoir être précis et poser sa ligne silencieusement dans cette zone calme à l’abri du vent. Pour plus de discrétion, l’utilisation d’un long bas de ligne est préférable.

TRUITE DE LAC

Au printemps

3. Avec les jours qui s’allongent et la température de l’eau qui augmente, les insectes qui émergent sont de plus en plus nombreux. La truite évolue juste sous la surface. Les gobages sont très proches les uns des autres. Prenant peu d’angle, le poisson laisse apparaître sa tête, puis sa nageoire dorsale ou sa caudale. Le pêcheur doit être extrêmement précis car le cône de vision du poison est très étroit et sa vitesse de déplacement élevée. Une mouche qui tombe à plus d’un mètre du poisson n’est pas forcément vue par ce dernier. Si elle est posée sur sa trajectoire que va emprunter la truite, le gobage ne devrait pas tarder.

gobages truite en lac

4. Sous l’effet de la concurrence, la truite accélère pour se saisir d’une proie avec vivacité. Elle replonge rapidement après un gobage très bruyant. Le risque : la casse. Il n’en faut pas plus avec un ferrage un peu appuyé sur un bas de ligne quelques fois déjà bien éprouvé.

En cas de vent soutenu, les truites arc-en-ciel remontent souvent le nez face aux vagues. Il faudra en tenir compte en lançant sa ligne devant le gobage qui vient de se produire.

TRUITE ARC EN CIEL

Durant le printemps ou en début d’été

5.  La couche d’eau de surface est tempérée. L’émergence est en cours sur une grande partie du plan d’eau. Le vent ride plus ou moins la surface. Les chironomes ou les éphémères sont présents sous la forme d’émergentes et d’adultes. Les truites se déplacent à environ 1 mètre de profondeur en se nourrissant de nymphes en cours d’ascension, d’émergentes ainsi que d’insectes ailés posés sur l’eau. La vitesse de déplacement des salmonidés peut varier du simple au triple en fonction de la concurrence présente sur la zone. Une pêche rapide et précise avec un long bas de ligne équipé d’une ou deux imitations légères est toujours très efficace dans ce genre de conditions. Selon la force du vent, une ancre flottante permettra de freiner la dérive et de rester plus longtemps sur la zone d’activité des salmonidés.

gobage truite en lacTRUITE A LA MOUCHE

En plein été

6. Pendant les journées très ensoleillées, la lumière est extrêmement forte. La température de l’eau de surface est élevée. Il n’y a que quelques gros insectes terrestres en surface. En pleine eau, les gobages sont très bruyants car la truite monte des profondeurs et y redescend à toute allure pour y retrouver une eau plus fraiche et plus oxygénée.

gobages truite en été

7. A deux mètres sous la surface, le cône de vision de la truite est très large. Les proies sont repérées de loin. Les pêcheurs aussi ! Des truites remontent l’étendue d’eau, le nez face au vent. D’autres parcourent le fond en quête de nymphes ou de larves. Dans ces deux situations, une grosse mouche posée sur l’eau et laissée inerte sera sans doute plus efficace que des lancers répétés qui vont nuire à la tranquillité de la zone.

8. A l’aube, dans les journées chaudes de fin de printemps et d’été, les salmonidés longent les berges boisées et profondes à la recherche de coléoptères ou de proies terrestres tombées accidentellement dans l’eau. Les gobages sont alors beaucoup plus visuels et bruyants. Encore une fois, le risque de casse est accentué par la vitesse d’attaque du poisson et son retour précipité vers les profondeurs.gobages truite

9. Très tôt le matin, les herbiers ou les joncs de bordure à faible profondeur sont parfois explorés rapidement par quelques poissons qui vont regagner les secteurs plus profonds dès que la lumière deviendra plus forte. Là encore, une artificielle déposée tout près de la berge et laissée à la dérive au gré du vent ou du courant peut être la bonne solution.

PECHE TRUITE MOUCHE

En fin de journée, à l’approche du crépuscule, les émergences de caenidés peuvent concentrer un nombre important de poissons sur les plateaux à faible profondeur d’eau. Les truites se déplacent très rapidement  juste sous la surface à la recherche d’émergentes ou de subimagos. Les marsouinages sont nombreux et les trajectoires des salmonidés en chasse sont erratiques. Les posers devront être très précis et les lancers très rapides pour proposer une imitation déposée à quelques centimètres devant le nez du poisson qui change très vite de trajectoire.

GOBAGES PECHE MOUCHE EN LACPECHE TRUITE A LA MOUCHE

En automne

Les mois de septembre et d’octobre sont généralement très riches en retombées d’insectes terrestres. Ainsi, fourmis et coléoptères en tous genres chutent en masse sur le lac. Comme au printemps, les truites maraudent au ras de la surface. Les gobages peuvent être très discrets ou très bruyants. Tout dépendra de la taille et du type de proie visée par le poisson.

En fin de journée, les grands trichoptères émergent et volent en rasant l’eau. Ceci occasionne des « ronds » énormes. Pour celui qui n’a pas envie de poursuivre indéfiniment les truites qui gobent en étant obligé de relancer en permanence, l’astuce qui consiste à laisser inerte une grosse imitation de trichoptère sur l’eau est toujours une recette productive. Si ça monte, en général, c’est souvent du lourd !

Encore une fois, c’est l’observation et les déductions faites par le pêcheur qui vont faire la différence. Gardez bien en mémoire que dans un lac, contrairement aux cours d’eau, les salmonidés se déplacent pour trouver leur nourriture. Pêcher un gobage en pensant que le poisson est toujours au même endroit n’est pas vraiment la bonne tactique à employer même si parfois, en tombant tout près du gobage qui vient de se produire, on alerte la truite qui revient voir ce qui vient de chuter tout près d’elle.

Une dernière chose. Si un poisson vient voir votre artificielle et la refuse au dernier moment, ne retirez pas votre mouche de l’eau. Exercez plutôt une petite traction vive sur votre soie ou relevez très légèrement votre scion ce qui va faire tressauter votre imitation sur place. Ceci aura parfois pour effet de déclencher  une attaque et peut-être d’engager un magnifique combat avec une belle truite batailleuse comme on les aime ….

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